Centres sociaux, après une décision polémique, la Mairie s’exprime face à la presse

par | Mar 29, 2021 | Bellecroix, Entre les quartiers

Le 19 mars 2021, la Mairie de la Ville de Metz a convié les médias à l’Hôtel de Ville pour aborder un sujet délicat, celui de la fin de la mise à disposition des locaux des centres sociaux des quartiers de Bellecroix et de la Grange aux Bois.

Pour faire le point, étaient présents François Grosdidier, maire de Metz, Isabelle Lux, adjointe au maire en charge de la petite enfance et de la famille et Bouabdellah Tahri, adjoint à la politique de la ville, en charge de la jeunesse et des relations avec les acteurs socio-culturels.

Un point presse pour justifier une décision polémique

L’indignation de l’inter-association de l’Espace de la Grange sommée de quitter ses locaux pour septembre 2021 avait été relayée par les médias locaux et avait fait des émules jusque dans les rangs de l’opposition. Le centre social de Bellecroix (ADACS) qui a subi le même sort est resté plus discret. Lors de ce point presse, nous avons également appris que celui de Borny avait échappé de peu à cette fin de mise à disposition des locaux.

À la suite à son élection, la nouvelle municipalité s’est penchée sur le cas des centres sociaux des quartiers messins. La nouvelle équipe municipale voulait vérifier si ces structures étaient bien capables, selon ses critères, de répondre aux besoins de tous les habitants.  Lors de son enquête, la Mairie s’est aperçue que trois de ces centres, ceux de Bellecroix, de Borny et de la Grange-Aux-Bois avaient perdu leur agrément de la Caisse d’Allocations Familiales.

Qu’est-ce qu’un agrément CAF ?

La CAF a pour mission de veiller à la qualité, à l’utilité et à la pertinence du projet social des centres sociaux. Si le projet social d’un centre correspond aux critères exigés par l’organisme, celui-ci lui délivre donc un agrément. Cet agrément est valable trois ans. A l’issue de ces trois années, le centre doit alors le faire renouveler en réécrivant son projet social et en le soumettant à la CAF.

Celui-ci doit comporter, par exemple, un diagnostic partagé du territoire. Son but est d’interroger l’environnement social, économique et institutionnel et de repérer les caractéristiques et évolutions du territoire d’influence du centre.

Le centre social doit également fournir un bilan des actions réalisées. Bilan que le centre partage avec l’ensemble des acteurs concernés.

Enfin, il doit fournir le projet des trois années à venir, décliné en fiches-actions. Il s’agit pour lui de recueillir les observations et attentes des acteurs, de définir les objectifs prioritaires du territoire et de mettre en place un projet social global décliné en plan d’actions, en réfléchissant d’emblée à ses modalités d’évaluation.

Ce projet social, et l’agrément qui en découle, légitiment les financements institutionnels et positionnent la structure dans le tissu partenarial local. Ces financements ne concernent donc plus uniquement ceux de la CAF, mais également ceux de la Ville ou de l’Etat par exemple.

Un agrément qui dépasse le simple cadre du financement

Ce qui est problématique pour l’équipe municipale en place, c’est que l’absence d’agrément est plus qu’un manque à gagner en terme de financement. Elle serait l’illustration d’un projet social qui n’est pas assez ambitieux, ou pas assez précis et qui à terme, pénaliserait une partie de la population messine. En tout cas, c’est ainsi que la Mairie de Metz justifie sa décision de mettre fin à la mise à disposition des locaux des centres.

D’après François Grosdidier, des discussions ont eu lieu à partir de l’été 2020 entre la Mairie, par l’intermédiaire de M. Tahri et les structures en question. Selon lui, le but était de les aider à présenter des projets qui leurs auraient permis de récupérer leurs agréments auprès de la CAF.

Deux des centres sociaux n’auraient pas pris la mesure de ce qui leur était demandé. Le maire souligne « qu’il n’y a rien de personnel ou de politique » dans sa décision. Il indique qu’il s’agit “tout simplement” de libérer les locaux pour mettre en place des structures qui seraient aptes à gérer “complétement” et de manière immédiate les centres sociaux.

Une décision prise de manière sereine avec la CAF, en direction des habitants

Pour M. Tahri “la décision a été prise de manière sereine” et en lien avec la CAF. L’adjoint au Maire met en avant, que l’essence même des centres sociaux est de toucher toute la population, de la petite enfance jusqu’aux seniors. Selon lui, les 12 – 25 ans seraient « les oubliés » de ces structures.

Aussi, toujours d’après l’adjoint au maire, les directions des centres auraient sous-évalué le potentiel d’action de la CAF. Car, précise-t-il, qu’en plus d’une aide financière, celle-ci propose une aide structurelle (aide à l’investissement par exemple). La CAF joue aussi un rôle dans l’accompagnement de certaines démarches administratives.

Le centre social CASSIS de Borny tient ici le rôle du bon élève. D’après M.Tahri, suite aux échanges avec la structure, CASSIS a su se remettre en question , « adopter une attitude positive » et proposer des projets cadrant avec les exigences de la CAF. Le centre aurait donc toutes les chances de récupérer l’agrément convoité.

Assurer une continuité dans l’accueil ?

Le maire admet que la décision peut paraitre brutale en ce qui concerne l’Espace de la Grange et l’ADACS. Mais il affirme que c’est dans le but de protéger les habitants. L’idée étant d’assurer une continuité en termes d’offre, notamment au niveau de l’accueil périscolaire. Cela en prévision d’une éventuelle non-obtention des centres, de l’agrément CAF. Mais si la municipalité se veut rassurante en promettant que tous les salariés seront repris, l’inter-association de l’Espace la Grange, elle, ne décolère pas. Après avoir lancé une pétition en ligne, elle a manifesté devant ses locaux les samedi 20 et 27 mars . Si à la Grange-Aux-Bois, des actions visibles sont menées, l’ADACS de Bellecroix est restée jusqu’à présent, discrète.

Une surprise, mais une réaction mesurée pour le président de l’ADACS

Nous avons pu contacter le président de l’ADACS, M. Loukili, qui a accepté de nous livrer ses sentiments sur la décision de la Mairie.

Lorsqu’il a reçu la lettre de fin de mise à disposition de locaux de la main de policiers municipaux vendredi 12 mars, c’était la stupeur et l’incompréhension. En effet, d’après le président de l’ADACS et contrairement au discours de la municipalité, les exigences de la ville n’étaient jusque-là, pas claires.

Il y a bien eu des rencontres depuis l’accession aux responsabilités de la nouvelle équipe municipale (deux, d’après lui), mais ces échanges ne laissaient présager une décision si brutale. D’après M. Loukili, l’ADACS a toujours possédé le désormais précieux agrément CAF et ce jusqu’au 31 décembre 2020. L’année 2020 a été, pour lui, difficile avec “un directeur du centre absent depuis neuf mois, dont quatre mois et demi pour accident de travail et 5 mois d’arrêt de travail”. Il met en avant cependant, les qualités et le mérite des équipes en place. Selon lui, même lors d’un contexte sanitaire plus que difficile elles ont toujours su faire face, proposer des activités intéressantes et accueillir du public lorsque c’était possible.

Il reproche le manque de discussion préalable et la méthode de la Mairie. M. Loukili, explique que :

L’ adjoint au maire a déclaré qu’il a organisé des comités de pilotage avec les centres sociaux de Metz. J’affirme que l’ADACS n’a jamais été conviée à ce comité de pilotage ou à une concertation constructive des actions menées par l’association afin d’ éventuellement élaborer des pistes de travail pour un projet commun et partagé au service des habitants du quartier. L’adjoint au maire était plutôt dans une logique d’ingérence que de co-constructions.

Pour autant, M. Loukili reste confiant. Il rappelle que l’ADACS existe depuis 30 ans et qu’elle dispose de professionnels et de bénévoles dévoués. Le président ajoute qu’il a également confiance en la bienveillance de la CAF.

Depuis la réception de la lettre du 12 mars, il a été reçu à la mairie et a prévenu ses équipes. M. Loukili ajoute enfin que les représentants du centre social de Bellecroix restent ouverts à toutes discussions avec la Ville afin de déterminer une nouvelle feuille de route.

Les centres sociaux suspendus à la décision de la CAF

Bornybuzz a donc écouté et échangé avec les différentes parties concernées par ce dossier. Mais certaines questions restent malgré tout en suspens.

Lors de la conférence de presse le maire a laissé planer le doute sur l’identité des potentiels repreneurs. Il a confié aux journalistes présents, que ses équipes avaient déjà été approchées, sans toutefois donner plus de détails.

La promesse de la reprise des salariés par de nouvelles structures paraît aussi juridiquement problématique. M. Loukili rappelait en l’occurrence que les associations en question étaient souveraines. Ce sont des associations organisées, avec des statuts, un conseil d’administration. Comment dans ce cas, la Mairie peut-elle affirmer que les emplois seraient maintenus dans les nouveaux centres sociaux ? Elle n’aurait tout simplement pas le pouvoir juridique de “transférer” les employés d’une association vers une autre.

Toutes les parties prenantes sont donc suspendues à la décision de la CAF. L’organisme indépendant doit se prononcer le 16 avril sur les attributions des agréments. La rédaction de Bornybuzz suivra les avancées de ce dossier et vous tiendra informée de ses évolutions.

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