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L’exil se raconte avec l’«Effet Papillon»

Dans le cadre des journées de la parentalité, les PEP57 inauguraient le 8 novembre dernier l’exposition « Effet Papillon », fruit de la collaboration entre Wejdan Nassif, écrivaine syrienne, et les habitants qui fréquentent l’accueil familles. L’occasion de découvrir le parcours de ces parents en exil. 

Dans les locaux de l’accueil familles des PEP57, des panneaux habillent tous les murs de la grande salle. Chacun retrace le parcours d’un habitant du quartier qui a connu l’exil. Syrien, irakien, sénégalais ou marocain, tous ont une histoire à raconter, un message qu’ils souhaitent partager. Lignes après lignes, des instants de vie se dessinent : les retrouvailles d’un couple séparés depuis de trop nombreuses années, un amour tout particulier pour les chats, la reconquête de l’indépendance à travers le travail,… Tous ces témoignages ont été regroupés, rédigés et traduits par Wejdan Nassif, elle-même réfugiée syrienne. « Je suis arrivée à Metz en 2014, je ne parlais pas français donc je comprends ce qu’ils ressentent », explique l’écrivaine et animatrice de l’atelier d’écriture à l’origine de cette exposition « Effet Papillon ».

Tout a commencé lorsqu’Audrey Donadel, directrice du pôle éducation, loisirs et solidarité des PEP57, a reçu un appel de la Ligue des Droits de l’Homme. « Ils m’ont parlé de Wedjan qui, à l’époque, cherchait un travail et était écrivaine. J’avais l’idée depuis pas mal de temps de mettre en place un atelier de récits de vie. C’était l’occasion idéale ». 

Une exposition comme « une source d’encouragement »

Pendant toute l’année 2016, Wejdan Nassif met en place un atelier d’écriture qui lui permet de recueillir les témoignages des parents qui fréquentent l’accueil familles de l’association. « Il s’agissait de libérer la parole. On a tous besoin de communiquer et lorsqu’on est réfugié, il y a toujours la peur de ne pas garder en mémoire son passé. C’était aussi un moyen de lutter contre cet oubli ».

Ne parlant alors pas bien le français, elle écrit les textes en arabe avant de les traduire en anglais. Elle utilise ensuite un outil de  traduction en ligne avant une dernière correction avec l’aide d’une amie française. En tout, ce ne sont pas moins de quatre mois qui sont dédiés à cette phase de traduction des textes. La sélection des moments à retranscrire n’a également rien d’évident : « j’ai voulu insister sur les aspects positifs sans occulter pour autant les difficultés, faire de cette exposition une source d’encouragement ». Pour illustrer ces témoignages, elle fait appel au photographe Sanded Walid qui, à partir d’images existantes, réalise des montages mettant en lumière l’aspect le plus important de chacune de ces histoires d’exil.

Afin de toucher et de sensibiliser le plus de monde possible, l’«Effet Papillon » s’affichera bientôt dans d’autres lieux de la ville. « Mon rêve serait d’être exposé dans le hall de la gare », avoue Wejdan Nassif. En attendant de voir son travail voyager à travers Metz, l’écrivaine s’est déjà remise au travail : de nouveaux ateliers d’écriture ont été mis en place dès le début de l’année scolaire. Maîtrisant maintenant mieux la langue française, Wejdan Nassif espère pouvoir échanger avec un public plus large et ainsi « développer [son] travail et [ses] techniques d’écriture ». Alors, rendez-vous dans un an pour une nouvelle exposition ?

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