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Dormir à la médiathèque pour écrire son roman : le projet un peu fou de Nicolas Turon

Si vous vous êtes rendu la semaine dernière à la médiathèque, vous êtes sûrement tombé nez à nez avec un grand lit, un bureau et des chaises en bois en plein milieu d’un rayons de livres. Non, il ne s’agissait pas d’une vente flash de mobilier mais de la chambre itinérante de l’artiste et écrivain Nicolas Turon. Mais pourquoi a-t-il décidé de dormir à la médiathèque ? Rencontre avec un auteur pas comme les autres.

 
Nicolas Turon a pris ses quartiers dans la médiathèque Jean Macé le mardi 7 novembre. Accompagné de sa chambre itinérante tout en bois, il dort parmi les livres. Le but de sa présence ? Avancer dans la rédaction de son roman qui se veut uniquement écrit dans des lieux publics. « Ma présence, pour écrire, dans ces endroits familiers crée des réactions, amène à des rencontres dont je m’inspire ensuite pour mon livre, « Le Roman de la rue ». C‘est un effet boule de neige », explique l’artiste. Le choix de la médiathèque pour continuer un périple entamé il y a plusieurs années s’est fait naturellement : « j’y ai mené un atelier d’écriture et j’ai apprécié le lieu. La rencontre avec le personnel m’a aussi motivé. C’est un lieu vivant mais doux ».
Pas question pour lui de s’installer quelques heures : il a besoin d’une présence plus longue afin de créer des conditions propices aux rencontres. « L’idée, c’est de troubler le réel mais toujours avec bienveillance », résume simplement Nicolas Turon. Il est ainsi resté quatre jours et quatre nuits à la médiathèque. Lors de ce séjour, il a échangé avec des habitants, intrigués par son projet : des curieux ont profité de ses chaises pour s’installer et discuter avec lui, d’autres lui ont apporté des pâtisseries, des enfants ont, quant à eux, voulu jouer « à l’écrivain » tandis qu’une lectrice est venue tous les jours pour découvrir le début de son roman et même y apporter quelques corrections. Autant de moments qui l’inspirent et font avancer son ouvrage.
Vivre dans la rue : une habitude
Son projet peut sembler inhabituel mais Nicolas Turon n’en est pas à son coup d’essai puisque cela fait six ans qu’il travaille et, surtout, qu’il habite dans la rue. Pas en continu mais par petites périodes comme ce fut le cas à la médiathèque. En additionnant tous ces moments, il a passé pas moins de cinq mois à vivre dans des espaces publics : piscines, mairies de quartier, rues, musées,… Lorsqu’il a commencé, il voyageait alors accompagné de deux compères, Sébastien Renauld et Laurent Boijeot. « À Metz, on a notamment mené des actions de perturbations artistiques : on a dormi au centre Pompidou, on a fait croire que Jean-Marie Rausch était de nouveau candidat en créant de faux tracts, etc.»
L’idée de se servir de ses expériences pour les transformer en roman, elle, est plus récente puisque Nicolas Turon s’est lancé dans ce projet un peu fou il y a deux ans. « L’équation est simple : le réel infuse mon roman qui ensuite influencera la réalitéJ’aimerai que mon livre donne envie aux lecteurs d’agir à leur tour sur le réel ».  En effet, une fois son roman rédigé, il ne compte pas s’arrêter là. Deux des personnages de son livre seront interprétés par des acteurs et les lecteurs auront la possibilité de les rencontrer pour découvrir leurs secrets dans le cadre de la manifestation Constellation, en juillet 2018.
Un plan qui se dessine à même la peau
Outre cet événement, un lieu symbolique du roman, une cabane, sera construite identique en tous points à celle du livre. Les lecteurs pourront donc visiter un lieu issu directement de l’ouvrage. Nicolas Turon a également mis en place un numéro de téléphone que les lecteurs pourront appeler si la lecture du roman a titillé leur curiosité. Autre conséquence du « Roman de la rue » sur la réalité, l’auteur messin se fait tatouer sur le dos le plan de la ville fictionnelle dans laquelle se déroule l’intrigue : un mélange entre quartiers réels, villes aperçues dans ses rêves et dessins réalisés par son entourage du lieu de leur première rencontre. Et ce, alors qu’il n’a pas d’intérêt particulier pour les tatouages : « c’est une approche purement artistique. C’est enthousiasmant de devenir ainsi un objet du commun. J’espère créer la curiosité des lecteurs et leur donner envie de venir me rencontrer.»
Il sera justement de retour dans le quartier d’ici deux semaines pour une nouvelle résidence d’artiste. Il posera cette fois sa chambre itinérante à l’école Chatrian 1. L’occasion de travailler avec les élèves sur des ateliers d’écriture et de leur proposer de rédiger leur propre roman de la rue.

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