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Journal d’une étudiante en déconfinement #7

Arya a passé la troisième semaine de déconfinement anxieuse, surbookée et fatiguée. Suivez ses déboires depuis Borny, où la vie reprend peu à peu son cours.

Ugh. Voilà, c’est à peu près mon ressenti de ces deux dernières semaines.

Je suis fatiguée. Non, je n’ai pas le coronavirus, calme-toi journal ! J’ai juste passé deux vraiment mauvaises semaines, j’en ai gros sur la patate.

Pourtant, ça avait bien commencé. J’ai reçu mon ordinateur et crois-moi : celui-ci, je vais encore plus le choyer que le précédent. J’étais tellement en joie ! J’ai couru en chaussettes pour récupérer mon colis. Le livreur m’a regardée comme si je sortais du pays des Teletubbies, alors que, comprends-moi, c’était la première fois que je me faisais livrer autre chose que des courses ! J’ai aussi vu ma docteur. Tu sais, journal, je vis sans thyroïde et j’ai un traitement à prendre pour le restant de mon existence. Elle a pu renouveler mon ordonnance et m’a demandé comment j’allais. Elle est sympa. Elle a rigolé quand elle a entendu Flo, mon coloc, rigoler bruyamment en arrière-plan.

Et c’est à partir de là que c’est parti en cacahuète totale.

Pour la première fois de ma vie, j’ai eu mon semestre mais je vais quand même aux rattrapages, pour 0,4 points. Je suis verte. Je suis en deuxième année et nous avons six semestres à passer en trois ans. J’ai raté le troisième mais pas le quatrième. J’ai donc sept matières du troisième semestre où je n’ai pas eu la moyenne qu’il faut que je rattrape. Sauf que l’organisation de la licence est tellement mauvaise que j’ai fait des dossiers d’examen pour absolument rien. Normalement, nos résultats se basent sur six modules, et si on n’avait pas la moyenne à l’un d’entre eux, nous étions supposés repasser toutes les matières dudit module. Toutefois, avec le Covid-19, l’organisation n’est plus la même, mais ça, ça a été dit beaucoup trop tard. Cela a ajouté une dose considérable de nervosité à une situation qui m’est totalement inédite. J’ai toutefois réussi à choper les dates des examens et ça sera entre le 15 et le 24 juin. Luka, qui était dans ma promo, a abandonné la fac, mais je compte pas me laisser faire. Je passerai en troisième année, for nugget’s sake (bon sang) !

Il y a des travaux depuis la résidence Arielle jusqu’à la résidence Bernadette. C’est une galère absolue pour toutes les voitures qui veulent passer pendant la journée. Ça klaxonne parfois. Mes deux soeurs cadettes, Emily et Lily, étaient pliées de rire à chaque fois qu’elles entendaient tout ce boucan et que j’hurlais aux klaxons incessants « TAISEZ-VOUS ! ».

Flo bosse presque H24, je ne peux pas lui demander de me tenir compagnie et mes amis sont loin d’ici. Je parle sur les réseaux sociaux mais je voudrais tellement aller dehors : mais pour aller où ? Et avec qui ? Le boulot m’a permis de sortir un peu plus, toujours protégée du sempiternel masque. J’ai des phases de « solitude » assez exacerbées en ce moment et j’essaie de faire ce qu’il faut pour gérer. Aujourd’hui, je suis allée me balader jusqu’à Bellecroix à pied puis je suis rentrée me reposer. Les règles ont aussitôt pointé le bout de leur nez dès que je suis rentrée avec mes deux sacs de Burger King. Ces deux semaines ne sont pas bonnes. Après avoir écrit ces mots, j’irai dormir. Je mettrai même pas Netflix, mon corps va entrer en mode confinement pendant trois jours. Enfin non : je vais regarder Nana car j’ai envie de me refaire un marathon des 47 épisodes. Nana est mon anime préféré.

On entend plus trop parler du Covid. J’ai peur d’une catastrophe.

Par la suite, les problèmes familiaux ont commencé à réapparaitre. J’ai une famille extrêmement compliquée. Et donc qui dit famille compliquée, dit histoires compliquées. Ma mère est un peu comme une éponge : elle retient tout mais elle ne se laisse pas aller. Du coup, il y a quelques jours, elle a totalement craqué. Les choses ont l’air de s’arranger petit à petit car une personne tierce et moi avons mis les points sur les i. Mes soeurs sont quand même en colère et ne comprennent pas forcément ses actes, et je les comprends aussi. Je suis leur soeur ainée, je pourrai jamais m’empêcher de m’inquiéter pour leur poire. Mon père, ma soeur et le petit me disent de rester sur mes gardes. Pour ça que je me repose, car c’est difficile d’être le gardien d’une famille aussi compliquée.

Je tiens quand même à dire que je fais très attention à la façon dont les gens se sentent mentalement. Ayant moi même une anxiété permanente et aussi haute que le Kilimandjaro, je ne peux que comprendre le fait d’être une éponge et d’être perdue, et tout ce qui va avec : les interrogations, la dépréciation de soi, les actes ou paroles incompréhensibles, le fait d’essayer de s’en sortir par tout les moyens possibles, même les plus mauvais,… Je veux aider les gens à se sentir en confiance et à s’exprimer. Les meilleurs solutions restent d’en parler avec des personnes de confiance, ainsi qu’à des professionnels de la santé mentale. Quand on en parle, les choses commencent à devenir plus simples. Parole de scout.

Mon entrée est courte, journal, mais je crois que j’ai surtout besoin de me reposer. Fais attention à toi et restons tous prudents.

Ah, et une dernière chose,

Black lives matter.

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