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Journal d’une étudiante en confinement #3

Pour la troisième semaine consécutive, Arya écrit ses mémoires et déboires du confinement, depuis sa tour à Borny.

Cinquième semaine : celle-ci a été celle des montagnes russes…

Et je ne dis pas ça pour la déconne.

Cette cinquième semaine a été un monstrueux foutoir avec toutefois quelques bonnes nouvelles. Heureux qu’il y en a eu d’ailleurs ! J’aurai jeté un truc par la fenêtre sinon.

Il y a eu, tout d’abord, une nouvelle allocution du président lundi. Flo, mon coloc, et moi l’avons regardée. La seule information que j’ai retenue, c’est que la fin du confinement commencerait le 11 mai. Décision totalement ridicule de mon point de vue : la crise n’est pas passée, le pic n’est pas passé et on doit « apprendre à vivre avec le virus » ? J’en grince des dents. Je n’aime pas ça. Les choses ne sont pas du tout précises et je m’inquiète sur le fait qu’il y ait une seconde vague de malades. Pour la première fois de ma vie, le monde extérieur me terrifie.

J’ai voulu commencer à faire de l’aquarelle et à prendre des photos de mes tenues (car oui, je suis fashionista à mes heures perdues !) mais je me suis plutôt occupée de la décoration de ma chambre. Pendant ce temps, Flo était concentré sur son travail. Je l’ai moins vu cette semaine mais il vient toujours me demander comment je vais et squatte dans ma chambre parce qu’on s’y sent apparemment « trop bien ». Décoratrice d’intérieur doit être mon nouveau talent. Animal Crossing a été bénéfique pour mon esprit créatif, j’ai l’impression ! American Horror Story est aussi devenue ma nouvelle lubie. Bille Lourd est géniale.

J’ai eu des nouvelles de ma meilleure amie et de ma soeur. Elles vont bien. Mon neveu et ma nièce aussi. Quand je l’ai appris, j’ai poussé un soupir de soulagement tellement long que Flo m’a entendu depuis son bureau, à l’autre bout de l’appart. Quand il est venu voir ce qu’il se passait et que je lui ai dit, il était tout aussi soulagé que moi. Ma mère et mon père, tout les deux séparés, prennent de mes nouvelles, l’un après l’autre. Ma mère est sourde et je voudrais apprendre, grâce à elle, la LSF (Langue des Signes Française). Elle a accepté. Mon père me donne des nouvelles de lui, de mon petit frère et de ma chatte, vivant leurs meilleures vies. Surtout la chatte, Freyja, qui sort et ne revient que pour manger. Chanceuse.

Un autre de mes amis, Mickey, est aide-soignant en EHPAD. Il en bave. Beaucoup de retraités sont atteints du COVID et il doit se protéger H24. On se parle autant que possible pour ne pas se perdre de vue. J’en fais de même avec la majorité de mes amis. Ils ont tous l’air d’aller bien.

C’est à partir de ce moment que les choses ont commencé à ne plus aller. Le jour suivant, mon portable et mon ordinateur m’ont lâché à quelques heures d’intervalle. Impossible de les réparer ou les remettre en état d’usine. J’étais verte. Heureusement que j’ai ma tablette pour écrire ces mots ! Par contre, sans mon portable, je ne peux pas payer le loyer. Ma commande a plus qu’intérêt à se ramener avant la fin du mois !

Seule grosse joie de cette journée-là : Flo et moi avons découvert que notre pizzeria préférée était toujours ouverte pour les livraisons le soir. On en a hurlé et sauté de joie. Quand on a passé la commande, le proprio était super heureux de nous entendre et avait notre commande en tête sans même qu’on ait besoin de la lui dire ! Inutile de dire que quand on les a reçues, on s’est régalés. Surtout Flo. Je crois que les pizzas, ça lui manquait.

Le clapping de 20h s’est arrêté pendant un moment et a repris hier. Je ne sais pas ce qui a pu raviver l’envie de soutenir nos soignants. Plus de gens sortent mais il y a aussi plus de contrôles. La tension est palpable, je trouve.

Samedi, on a eu nos courses. Flo était collé à la fenêtre de sa chambre, en sautillant, à attendre le livreur. On aurait dit un enfant qui n’avait pas envie de dormir la veille de Noël. Il y a des fois où je me demande s’il vient vraiment d’avoir 27 ans (dis-je avec amitié et un touche de sarcasme évidente). Je n’ai jamais été aussi contente d’avoir un frigo et des placards pleins. C’est une sensation de satisfaction vraiment apaisante d’avoir des courses jusqu’au mois prochain.

Mes études aussi prennent un coup. Une matière de ma licence a été neutralisée (annulée donc) par erreur. Notre responsable d’année s’est excusée de cette méprise. J’ai donc une assez grande étude de cas didactique de langues à faire pour vendredi et elle comptera dans ma note finale.

Par ailleurs, un hashtag #HonteUnivLorraine a vu le jour sur Twitter. Il dénonçait, notamment, les conditions d’examens qui vont accroître les inégalités, surtout pour les étudiants en situation précaire. La réponse du directeur de l’université a été sans appel : les examens se feront sur internet, que cela plaise ou non. Drôle de monsieur quand même ! Ses propos ont provoqué un assez gros tollé chez les étudiants de l’Université de Lorraine, moi y compris. J’ai donc un exam écrit pour vendredi et un oral le 30 avril. Tous les autres vont être passés sur la plateforme de la fac, Arche, et soumis à la correction. Je doute fortement que la plateforme tienne le coup durant les examens. Ça va être un sacré combat pour s’y connecter…

Mon meilleur pote de la fac, Luka, est complètement perdu (comme tout le monde) donc je l’aide autant que je peux. Il doit bombarder pour avoir son année et je dois faire de même !

Je dois aussi m’occuper de mon dossier de bourse pour l’année prochaine. C’est un peu une course contre la montre au niveau administratif, pas que pour la bourse, mais aussi pour mes exams et pour mes comptes. Je pense avoir une semaine pour tout faire convenablement et voir comment le mois de mai se passera. On m’a d’ailleurs autorisée à faire passer mon dossier de bourse sur internet. Je le complèterai pendant la semaine. Je dois aussi aider mon père à faire ses dossiers de CGOS et à trouver des adresses de centres prenant en charge les personnes atteintes d’autisme, ce qui sera fait également durant la semaine qui arrive.

Tellement de choses à faire en si peu de temps !

Je suis anxieuse mais je vais y arriver, je dois y arriver ! Je tiendrai le coup. J’attends la fin de cet enfermement avec impatience.

Garde le cap journal. À plus tard et soyons tous prudents.

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